La grossesse : Faut-il la cacher?

« L’enfant commence en nous bien avant son commencement. Il y a des grossesses qui durent des années d’espoir » Marina Tsvétaeva

08 May, 2020

En-tête de la page

Hello,

Comment ça va chez vous? 

Moi ça va. Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à cette nouvelle rubrique parentalité. J’espère qu’en ces moments de crise sanitaire vous faites attention à vous et respectez les gestes barrières. 

Je ne sais pas si c’est pareil chez vous (hors Cameroun) mais en général, quand une fille très présente sur les réseaux sociaux le devient moins, on la suspecte d’être enceinte. Vrai ou faux? Moi personnellement je n’ai pas été moins active, mais je n’ai pas annoncé ma grossesse sur les réseaux sociaux. 

Pourquoi? Discrétion? Peurs? En ce qui me concerne, je ne voulais simplement pas en parler sur les réseaux pour une raison que j’explique plus bas. Je me souviens dès que j’ai su que j’étais enceinte, j’ai appelé ma mère pour le  lui dire. Avant de raccrocher, elle m’a dit :” ne dis à personne”. Le premier trimestre est très délicat, le corps change, les hormones commencent à arriver. Cela influe sur les humeurs. À mon sens, ça ne sert pas à grand-chose de le cacher à son entourage car l’attitude change, machinalement on se caresse le ventre, on a des vomissements, on ne doit plus boire d’alcool, ni fumer. Autant de changements qui s’imposent à nous et ne passent pas inaperçu. En ce qui concerne l’annonce sur les réseaux sociaux je suis d’avis que chacun fasse comme bon lui semble.

Il y a cette crainte chez nous les Bantous de porter le mauvais oeil sur une grossesse. On ne doit en parler qu’après 3 mois au moins. La première semaine, au moins 10 personnes étaient au courant, j’étais trop contente et j’en ai parlé à des amies proches, des cousines, des tantes. Je ne suis aucunement superstitieuse. Après coup j’ai regretté d’en avoir parlé à certaines personnes parce que au fond elles ont eu des attitudes inattendues à mon égard du fait de ma grossesse. Des bonnes attitudes et des mauvaises. On en parlera une autre fois.

D’où vient cette tradition? Chez les Bantous, il s’agit d’éviter que les sorciers s’attaquent à la grossesse (les pauvres sorciers souffrent). Mais faut savoir que cette tradition n’est pas qu’africaine mais elle est fondée. En Europe aussi il est recommandé de garder le secret 12 semaines. Pourquoi? Tout Simplement pour des raisons médicales. Il y avait un fort risque de fausses couches.  Donc en ce qui me concerne je n’avais pas de mal à parler à mon entourage car en cas de fausses couches j’aurai eu des proches pour m’épauler. Par contre, si je l’avais annoncé sur les réseaux sociaux et fais une fausse couche, je n’aurai pas géré l’afflux de messages et autres. C’est bien trop intime pour m’exposer dans un moment aussi délicat. 

Grâce à la médecine, ce risque a fortement diminué et surtout les fausses couches sont naturelles, je ne dis pas que c’est normal ou bien mais ça arrive souvent pour des raisons naturelles. 

Une fausse couche est une interruption spontanée de la grossesse survenant dans les 5 premiers mois. Il faut savoir qu’elle touche 10 à 15% des grossesses, et que dans 60% des cas cette dernière est due à une anomalie chromosomique. Elle ne prédit en rien le futur obstétrical du couple.

Par contre dans un contexte de fausses couches à répétition, il peut y avoir un problème sous-jacent qu’il est important de rechercher. On parlera de « fausses couches à répétition » dès le moment où il y aura 3 fausses couches spontanées consécutives au sein d’un couple ou chez une femme célibataire. Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène :

– Causes génétiques : c’est la principale cause de fausse couche. On aura soit une anomalie du nombre de chromosomes qui donnera un embryon incompatible à la vie, soit des altérations au niveau des chromosomes des parents qui ne seront révélées qu’au niveau de leur descendance car n’étant pas compatibles à la vie.

– Causes immunologiques : ici c’est le système immunitaire qui est mis en jeu. Il représente l’ensemble des processus mis en œuvre par notre organisme pour lutter contre l’attaque d’éléments étrangers. Parfois il se retourne malheureusement contre notre propre organisme (maladie auto-immune) ce qui peut rendre difficile la conception (exemple du syndrome des anticorps anti-phospholipides), parfois c’est juste l’organisme de la mère qui reconnaît son fœtus comme une greffe ou un corps étranger à éliminer (étant donné que le patrimoine génétique du fœtus provient à 50% de chaque parent, et que parfois le système de tolérance immunologique de la femme vis-à-vis de ce dernier ne fonctionne pas).

– Causes anatomiques : la nidation de l’œuf fécondé ne pourra être effective dans un utérus présentant une malformation, une altération dû à un traumatisme antérieur, ou des obstacles tels des fibromes situés au sein même de la cavité utérine.

– Causes endocriniennes ou hormonales : le diabète, les problèmes de thyroïde, le syndrome des ovaires polykistiques ou l’incapacité à produire l’hormone qu’est la progestérone peuvent diminuer la fécondité.

– Causes infectieuses : des infections génitales persistantes peuvent être responsable d’une diminution de la fécondité.

A toutes ces causes peuvent s’ajouter des facteurs favorisants tels que l’obésité, le tabagisme ou la consommation de drogue, l’alcool, des carences en vitamines, etc.

Lorsque nous sommes confrontés à des fausses couches à répétition, il est donc primordial qu’une série d’examens soient réalisés (échographie ou autre pour déceler des malformations utérines, bilans sanguins, caryotype ou étude de la génétique des parents) afin d’en déterminer la cause et donc ainsi la prise en charge adéquate pour y remédier (chirurgie ou gestation pour autrui en cas de malformation, traitement en cas de causes immunologique/ endocriniennes/infectieuses, diagnostic préimplantatoire en cas de causes génétiques). Il faut savoir aussi que parfois ce bilan complet revient négatif, et on n’a pas d’explication quant à la cause de ces fausses couches à répétition. Dans ce cas, il est recommandé à la femme d’avoir un suivi strict de la grossesse.

Vous l’aurez compris, les causes de fausses couches sont nombreuses. La plupart du temps vous n’y pourrez rien Bien sûre que ça fait mal mais il faut être consciente de la probabilité d’une fausse couche. Cela vous permettra de vous reconstruire après. La grossesse est un moment de stress permanent, jusqu’à l’accouchement. Il est impératif de contrôler son stress et en cas de mésaventure, ne pas culpabiliser et essayer de passer à travers. 

En ce moment, j’ai deux amies qui ont perdu leurs bébés à moins de 12 semaines. J’espère que ces mots les aideront à relativiser et surtout à se relever.  Je n’ai pas vécu cette expérience grâce au ciel mais je vous laisse lire le témoignage d’une bonne amie. Je l’ai rencontrée elle était enceinte et malheureusement elle a perdu son bébé.

Je l’ai su sans faire de test d’ailleurs je n’ai pas eu besoin de le faire. Je l’ai ressenti directement. J’étais enceinte. C’était en août 2018; réellement mon époux et moi ne l’avions pas prévu c’était « un accident » comme on dit, mais un très bel accident. Nous étions surpris et très heureux. J’ai eu un début de grossesse très calme très tranquille. Mais à par les petits malaises nausées fatigue-J’allais très bien J’allais au boulot j’étais active sans trop me forcer toutefois. 

J’étais déjà à 05 mois et 2 semaines de grossesse quand je suis allée pour une visite de routine. C’était le 07 décembre 2018 Check du docteur, tout va bien. On me fait des prélèvements (vous savez les tonnes d’examens qu’on fait pendant la grossesse), j’ai Rdv le lendemain pour mes résultats. Jusque-là tout va bien. Mon seul tracas à ce moment c’est qu’on me dit qu’il faudra que je repasse le lendemain à l’hôpital récupéré mes résultats ( la flemme). Je rentre donc chez moi je retrouve ma fille oui parce que j’ai une fille qui a 03 ans dans quelques jours. On passe une bonne soirée posée. 

Au moment de se coucher ce soir-là je fais un grand bond sur le lit dans le but de la faire rire et ça marche,  seulement quelques heures après qu’on se soit couché j’ai commencé à ressentir une sorte de pression sur mon bas-ventre. Je me souviens m’être dit que cela doit être dû au short de mon mari que j’avais mis ce soir-là pour dormir. Bref je me lève je le retire. La sensation reste. Le matin au réveil j’en parle à mon mari au téléphone ( il travaille dans une autre ville) il me dit heureusement j’ai Rdv ce jour même à l’hôpital pour les résultats de mes examens. 

Je me souviens avoir tiré mon corps comme jamais cette matinée j’étais au bout de ma vie. J’ai pris un dépôt pour l’hôpital c’était rapide heureusement.  Quand je suis descendue à l’entrée j’ai croisé une amie et sa nièce. La première phrase que je lui ai dite c’est comme si je vais accoucher aujourd’hui hein je suis trop fatiguée  » je ne pensais pas si bien dire. 

Ce matin-là à l’hosto j’ai croisé des infirmiers j’ai demandé après  le doc mais il était absent ce matin-là. Je leur ai parlé des récents malaises que j’avais depuis la nuit d’avant ils m’ont répondu que j’entrais dans mon 6e mois il était normal que je ressente une sorte de pression au bas ventre car l’enfant grandit. Je n’ai pas insisté j’aurais dû j’étais trop fatiguée je voulais juste rentrer dormir. 

Pas plus tard qu’à 19h ce soir-là subissant les mêmes douleurs je suis allée aux toilettes pour uriner. En me relevant ma poche des eaux sortait de ma paroi vaginale. Je vous épargnerais les détails. S’en est suivie une course sans pareil avec l’aide de mes voisins( des hommes formidables) vers tous les hôpitaux de la ville. N°1 pas de couveuse; N°2 pas de couveuse; N° 3, 4, 5 pas de couveuse. N°6 enfin une couveuse. Mais il est trop tard la poche des eaux avait été fissuré le bébé n’a pas pu tenir. Je l’ai perdu. 

Plus tard j’ai appris par les médecins que j’ai un col fragile. Que j’aurais peut-être besoin d’un cerclage pour mes grossesses à venir. Le cerclage est une procédure chirurgicale qui consiste à placer une suture sur le col de l’utérus dans le but d’apporter un soutien mécanique à celui-ci. 

Si j’ai surmonté cette épreuve à ce jour? je ne sais pas. Entre me dire que c’était sûrement de ma faute Je n’aurais jamais dû faire ce bond sur le lit ou mettre la faute sur le système longtemps j’ai été perdue. C’est un deuil que j’ai pleuré en silence, en cachette. Mais j’ai beaucoup pleuré. C’est une blessure  qui cicatrise sans jamais guérir. Quand je portais encore ma petite crevette dans mon ventre y avait une chanson que j’aimais écouter en particulier j’étais accro. Quand je pense à elle aujourd’hui  j’écoute ce son. C’est notre chanson.

Il en faut du courage pour surmonter cette épreuve. j’aurais voulu aborder les pistes pour surmonter cela mais l’article est déjà assez long. Essayons de voir cela dans le prochain article. 

Et vous, pensez-vous qu’il faille cacher sa grossesse? Pour quelles raisons? N’hésitez pas à vous abonner à mes pages afin qu’on échange. Nos échanges peuvent aider celles qui ont du mal à s’exprimer. 

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Finesote … 😘😘😘

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